Arithmétiquement avec le rétablissement d’une élection à deux tours, il paraît difficile pour Ali Bongo de remporter plus de 50% des voix au premier tour sans que l’opposition et les scrutateurs ne crient à la fraude. Comme il paraît peu probable pour Ali Bongo de remporter l’élection au second tour face à une opposition qui se mettra en ordre de bataille derrière une candidature unique.
Une équation encore plus difficile surtout qu’Ali Bongo a épuisé ses réserves de voix dans le Haut-Ogooué, le fief des Bongo, à la présidentielle de 2016 en obtenant 95,46% des suffrages en sa faveur sur les presque 99,9% des électeurs inscrits. Difficile donc pour lui de faire mieux en 2023. Avec les provinces réputées frondeuses et acquises à l’opposition, comme l’Estuaire, l’Ogooué-Maritime, le Woleu Ntem, et a laquelle il faut désormais ajouter aussi l’Ogooué-Lolo ( ancien bastion du Parti démocratique gabonais et qui va probablement basculer d’avantage dans l’opposition avec la candidature de la présidente de l’Union nationale, Paulette Missambo, originaire de ladite province), et les provinces du Moyen-Ogooué, de la Ngounié et la Nyanga qui également traditionnellement votent pour l’opposition. Il est difficile de prévoir la victoire d’Ali Bongo grâce aux provinces qui servent de variables d’ajustements à l’exemple de la province de l’Ogooué-Ivindo qui fait figure de petit poussin de par son poids électorale face au grand centre de vote dans le pays.
Les récents ennuis judiciaires de Pierre Alain Mounguengui, président de la Fédération gabonaise de football et son accueil triomphal par les habitants de la Nyanga, sa province natale, reste un indicateur de la défiance des populations de cette localité à Ali Bongo et pourrait jouer en sa défaveur en 2023 pour un candidat en quête de voix.
Que reste-t-il à Ali Bongo pour essayer de convaincre les gabonais de voter pour lui à la présidentielle de 2023 : son mandat ? Si on peut reconnaître à Ali Bongo un début de diversification de notre économie, sa magistrature reste cependant mitigé même en lui accordant des circonstances atténuantes à cause de sa maladie, des conséquences de la COVID-19, puis récemment de la guerre en Ukraine. Mais c’est surtout du côté de la mauvaise gouvernance, de la gabegie financière ( les procès pour détournement des deniers publics de Brice Lacruche Alihanga et de ses « Alihangaboys » ) qu’il faut trouver un début d’explication du mandat peu reluisant du locataire du Palais Rénovation. Difficile donc pour Ali Bongo de battre campagne sur les résultats de son mandat pour se faire élire. Il pourrait battre campagne en vendant l’espoir, l’espérance d’une croissance économique soutenue, d’une vie meilleure, d’une meilleure répartition des richesses. Difficile aussi que les gabonais y croient, car ses deux précédents mandats avec la hausse du chômage, du coût de la vie, et des scandales de détournement à répétition douchent tout espoir de convaincre les gabonais, même les plus crédules.
Enfin, toutes les alternances démocratique en Afrique, ont toujours été gagné au second tour. Ali Bongo pourra-t-il faire mieux qu’Abdoulaye Wade au Sénégal, Laurent Bagbo en Côte d’Ivoire, Emmanuel Ramazani Shadary, en République Démocratique du Congo et dauphin du président sortant Laurent Désiré Kabila, tous battus au second tour par leur opposant ?