Le 20 avril dernier, après avoir entendu la partie défenderesse, conduite par le bâtonnier sortant Me Lubin Ntoutoume et la partie demanderesse représentée par Me Gilbert Erangah et Me Jean-Paul Moumbembé, le Conseil d’Etat avait annulé l’élection de Me Raymond Obame Sima au Bâtonnat. Ce dernier ne remplissait pas aux critères d’éligibilité en plus de la tenue d’une élection chaotique marquée par une liste électorale qui n’a pas été fait dans les délais requis.
Si le Conseil d’Etat avait désavoué l’élection de Me Raymond Obame Sima au bâtonnat, à nouveau saisi par Me Gilbert Erangah et Me Jean-Paul Moumbembé, pour la désignation d’un bâtonnier intérimaire avant la tenue d’une nouvelle élection, le premier président du Conseil d’Etat ne s’était pas prononcé en raison de la grève des magistrats et des vacances judiciaires.
Suite à la levée de la grève des magistrats et la rentrée judiciaire, alors que l’on s’entendait à ce que le Conseil d’Etat délibère enfin sur la saisine de Me Gilbert Erangah et Me Jean-Paul Moumbembé pour statuer sur la désignation d’un bâtonnier intérimaire, coup de théâtre, dans un communiqué du 22 septembre dernier, le ministre de la Justice, Paul-Marie Gondjout avait recommandé aux avocats de tenir l’assemblée générale élective du bâtonnier et du Conseil de l’Ordre dans «un délai d’un mois». Il n’en fallait pas plus pour qu’une frange d’avocat élu, le 4 novembre, Me Lubin Ntoutoume comme bâtonnier intérimaire avec pour mission de conduire la vacance de pouvoir et d’organiser une nouvelle élection.
Question de loi d’abord et ensuite de morale : Ceux qui ont élu Me Lubin Ntoutoume ignorent-ils que selon l’article 54 de la loi 13/2014 du 7 janvier 2015 fixant le cadre de l’exercice de la profession d’avocat : « l’assemblée générale se réunit sur convocation du bâtonnier (qui n’existe plus depuis la décision du Conseil d’Etat, Ndlr) ou des 2/3 des avocats » ? Si Me Lubin Ntoutoume a été élu par ses pairs, il se pose un problème, le Conseil de l’ordre compte 146 membres et sur les 77 présents lors de l’assemblée générale de Me Lubin Ntoutoume, au moins 10 avocats ont quitté la salle pour dénoncer la non-conformité de cette rencontre. Ensuite, question de bon sens à défaut d’éthique : comment demander à Me Lubin Ntoutoume d’organiser une nouvelle élection du bâtonnat alors qu’il est responsable de la précédente élection entachée d’irrégularité voire de fraude pour faire élire un proche ?
Pour ajouter le désordre au désordre, le 6 novembre, une autre frange d’avocat dit légaliste est montée au créneau pour désigner Me Jean-Paul Moumbembé comme bâtonnier ad hoc. Ce dernier a reçu pour mission de la part de ses pairs d’interpeller le Conseil d’Etat, pour qu’il vide son délibéré sur la saisine déposée par Me Gilbert Erangah pour la désignation d’un bâtonnier intérimaire qui va conduire la vacance et organiser l’élection du bâtonnier et du Conseil de l’ordre des avocats.
En attendant, désormais deux bâtonnats s’affrontent : un bâtonnat intérimaire et un bâtonnat ad hoc. Chaud devant !