Des articles accusant le ministre du pétrole et du Gaz, Vincent de Paul Massassa, d’avoir tenté de corrompre le Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda, qui font les choux gras de la presse locale et internationale, une sextape de l’ancien Premier ministre Julien Nkoghe Bekale virale sur les réseaux sociaux, le Conseiller spécial du président de la République, Jessye Ella Ekogha, accusé de détourner l’argent de la subvention de la presse : toutes ces personnalités ont un point en commun, celui d’avoir refusé de céder à leur maître – chanteur, avec souvent en toile de fond intrigue politique et règlement de compte.
Des individus se présentant comme des journalistes détenant un dossier explosif contre une autorité de la République qui s’engagent à ne pas publier, des prétendus agents de renseignements qui disent détenir un dossier accablant et être en mesure d’empêcher sa publication dans la presse, ou qui vous promettent une promotion dans la haute administration à la suite du monnayage d’un bulletin de renseignement très favorable, contre monnaie sonnante et trébuchante squattant les salles d’attente de la haute administration publique n’est pas un fait rare.
Interrogé au téléphone par notre rédaction, un ancien ministre qui a requis l’anonymat en raison de l’obligation de droit de réserve, et que nous nommons Y nous raconte : “C’est le quotidien des ministres, nous sommes harcelés tous les jours par des journalistes qui disent détenir un dossier compromettant contre votre personne, des prétendus agents de renseignements qui marchandent un bulletin de renseignement contre de l’argent. C’est encore plus fréquent à la veille d’un remaniement gouvernemental. Tenez-vous bien, pas plus tard qu’il y a quelques jours, j’ai été approché par des personnes se disant travailler pour le renseignement qui promettaient de m’aider à réintégrer le gouvernement. Difficile de vérifier leur identité. Ils ne portaient pas d’uniforme et ils ne m’ont pas présenté leur carte professionnelle. Je leur ai simplement expliqué que lorsque je suis rentré au gouvernement, j’avais été consulté pour donner mon accord, je ne les avais pas vus. Donc je n’avais pas besoin de leur service”. Puis d’ajouter, “J’ai une anecdote, alors que nous sortions d’un Conseil de ministre à la présidence de la République, j’ai vu un de mes collègues s’emporter en renvoyant un groupe de journaliste qui disait détenir un dossier accablant à son égard et qui demandait de l’argent contre leur silence, sinon il risquait de perdre sa place dans le gouvernement. A ce jour, ce monsieur est toujours au gouvernement.” Car : “peu importe ce que l’on peut publier dans la presse ou les réseaux sociaux, ou rapportait au palais, Ali Bongo Ondimba dispose d’une cellule de renseignement qui soit capable de vérifier la véracité d’une information.”
Trois mois avant le début de cette enquête, lors d’un entretien, un chef d’entreprise toujours en fonction avait confié à notre rédaction au sujet d’un dossier l’accusant de corruption : “Je ne peux plus avoir peur de ce genre de méthode. “Je n’ai rien à me reprocher à chaque fois que je fais l’objet d’accusation de la part de mes détracteurs pour détournement et autre je transmets moi même le dossier aux enquêteurs de la DGR ( Ndlr : Direction générale de la recherche) pour qu’il vérifie et se rendre compte de la caducité des accusations, j’ai la conscience tranquille”.