Même si le Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze a affirmé lors d’un entretien à France 24 et Radio France Internationale, exclure toute nouvelle démission, en attendant les conclusions de l’enquête administrative, il ne fait aucun doute, que le chef du gouvernement et plusieurs autres de ses collègues devraient ou auraient dû jeter leur tablier, face au grave manquement observé dans la gestion du naufrage Esther Miracle.
En attendant la fin de l’enquête, si jamais elle est publiée, on peut néanmoins noter deux types de responsabilité dans cet accident : avant le naufrage et après celui-ci.
La lenteur des secours intervenue trois heures après les premières alertes, alors que le naufrage s’est déroulée à quelques encablures de Libreville, démontre suffisamment que la chaîne de décision depuis le ministère des Transports à celui de la Marine marchande, ont manqué de réactivité. La démission de Brice Constant Paillet, les auditions en cours des responsables de la Marine marchande entre les mains de la Justice, en sont la preuve.
En Côte d’Ivoire, en 2016, souvenons-nous quelques minutes après le début de l’attentat sur la plage du Grand-Bassam, une station balnéaire, le premier ministre ivoirien, et plusieurs autres de ses collègues établissaient un QG, non loin de l’attaque. Quarante minutes plus tard, les forces spéciales ivoiriennes intervenaient, en mettant fin à la folie meurtrière des terroristes. Si on peut saluer la bravoure et le professionnalisme des forces spéciales ivoiriennes, cela n’aurait pas été possible sans la mise en place rapide d’une coordination gouvernementale sous l’orientation et le leadership du chef du gouvernement.
Bilie-By-Nze aurait-il manqué de leadership en sa qualité du coordinateur, de chef d’orchestre de l’action gouvernementale ?
Tout laisse à penser qu’il n’y a pas eu dans les minutes qui ont suivi une réunion de crise pour établir une stratégie de secours, afin de coordonner les différents ministères directement concernés ou autre entité étatique également touchée. Ce qui pourrait expliquer la lenteur de la réponse des ministère des Transports, de la Défense, de la Pêche, et de l’Agence nationale des parcs nationaux, qui disposent chacun d’une brigade nautique.
Alors, ce n’est pas faire un mauvais procès d’intention contre Bilie-By-Nze et son gouvernement d’affirmer, qu’il y a manifestement eu un manque de leadership de l’action gouvernementale. Surtout que le locataire de l’immeuble du 2 décembre, aurait attendu des ordres du Palais Rénovation avant d’engager toute initiative, alors qu’il est le premier coordinateur de l’action gouvernementale.
En attendant les conclusions de l’enquête administrative pour dégager toutes les responsabilités, comme l’avait annoncé Bilie-By-Nze, on peut déjà douter de son impartialité, car on ne peut être à la fois juge et partie. A moins que dans cette enquête il sera question de tenir pour responsables de ce grave drame humain que des seconds couteaux. Une conclusion qui sera vécue alors sans aucun doute comme un second deuil pour les familles des victimes, un double traumatisme pour les rescapés et un deuxième décès pour les disparus.